jeudi 28 février 2013

A LA DECOUVERTE DU MONUMENT DE LA RENAISSANCE AFRICAINE



MONUMENT DE LA RENAISSANCE AFRICAINE
Un carrefour touristique et culturel

Le monument de la renaissance africaine est aujourd’hui l’attraction touristique majeure de Dakar. C’est un lieu de rencontre et de détente très prisé.

Un vent glacial souffle sous le couvert de l’or du soir servi par la brise de l’Atlantique Ouest. Il est 18 heures au pied du monument de la renaissance africaine sur la tour jumelle des mamelles à Ouakam. De prés, le visiteur distingue trois statues superposées, leur regard tourné vers l’occident. Un homme tient « l’enfant le plus grand et le plus lourd du monde » sur sa main gauche, indexant l’horizon. Et sa femme prise de derrière par la main droite, c’est l’image que renvoie cette citadelle de 7000 tonnes. Tout porte à croire à un envol. La femme dans cette représentation a son pagne qui flotte, sa main droite balancée derrière et des tresses qui papillonnent. On dirait que ces personnes sont exhibées.
Yaya Coly, le guide préposé à l’accueil, un jeune d’une vingtaine d’années aux traits semblables à un saharien et de teint noir, vêtu d’une tenue africaine renseigne que « le bébé signifie l’avenir de l’Afrique, l’homme tire sa famille des entrailles de la terre vers la lumière et la liberté ». Il explique comme s’il était le concepteur de cette œuvre d’Abdoulaye Wade et de Pierre Goudiaby ATEPA, réalisée en deux ans par la Mansudae Corporation (société nord-coréenne) ; entre 2008 et 2010.
M. Coly étoffe sa thèse avec un français teinté d’accent diola. Il estime que « ce monument prône l’enracinement dans les valeurs culturelles avant l’ouverture vers le monde que l’on remarque par son regard tourné vers les Etats-Unis, rappelant la déportation ». En effet, le message que Wade y a laissé est assez évocateur : « jeune d’Afrique et de la diaspora, si un jour tes pas te mènent au pied de ce monument, penses à tous ceux qui ont sacrifié leur liberté ou leur vie pour la renaissance de l’Afrique ».
Construit sur une colline volcanique quaternaire de 100 m d’altitude, remodelé par le génie de l’homme, le pied du monument est carrelé comme un salon domestique. Entouré de haies en aluminium qui protègent un jardin (espace vert) circulaire suivant la forme du stratum, autour de l’édifice. Des bancs publics en béton sont installés pour le repos des grimpeurs qui ont conquis les « cent quatre vingt dix huit marches » menant à cette gigantesque tour. Vers la droite, une route bitumée semi-circulaire sert aux hôtes de marques de passerelle. Une esplanade y est aménagée avec un parking embelli de pavés et de palmiers mobiles sous l’effet de rafale.
Rencontré sur le site, Ibrahima Diop ancien instituteur à la retraite, dit qu’ « ici des jeunes de Dakar viennent faire du sport. D’autres y recherchent de l’air pur venu de la mer. Des hommes et femmes de tous les âges, des nationaux et des touristes étrangers s’y retrouvent ». Pierre est français bon teint venu de Paris, accompagné de sa femme. Il se dit « surpris par la grandeur de la construction et de son entretien ». Quant à Souleymane Traoré, fonctionnaire malien, venu à un séminaire à Dakar, teint métissé et de petite taille,  il cache mal son émotion, visible à travers ses yeux. Emu et fier, le malien, la quarantaine révolue, confie qu’il est ébahi par « ça » parlant de la représentation d’une « Afrique qui renaît ».
Les falaises de Dakar et  ses plages sont à portée de vue. De l’intérieur, dans le chapeau de l’homme au quinzième étage à 150 m du sol, la presqu’île du cap vert se découvre. On a la photographie aérienne des quartiers et des infrastructures le tout fondu dans l’architecture urbaine de la capitale du Sénégal. Le visiteur peut percevoir Gorée et même au-delà sans assistance technique. Cependant une telle vue de la cité de Dial Diop a un coût. « Le ticket est de 10 euros (6500 francs CFA) pour les non résidents, de 3000 f CFA pour les résidents. Toute fois une faveur est faite aux élèves et aux enfants qui ne payent que 500f CFA pour une visite guidée assistée du monument de la renaissance » informe l’administrateur général de l’institution, Abdel Kader Pierre Fall, des lunettes dorées accrochées sur son nez d’ébène. Un entretien improvisé avec l’ancien Ambassadeur du Sénégal en Malaisie est occasionné au salon « VIP ». Son excellence assis sur un canapé en bois,  décoré par la styliste sénégalaise Aicha Dione, le regard tourné vers le décor se prête à nos questions. Dans la pièce, des lumineuses venues de France sont postées sur un toit plâtré en blanc. Des objets d’art collectionnés et importés de sept pays africains installés ça et là. Une natte offerte par la Mauritanie sert de moquette. Deux échelles dogons du Mali et du Nigéria sont debout à deux extrémités du salon. M. l’administrateur avoue que « les gens aiment venir visiter le monument mais il n’y a pas encore le grand rush ». Malgré cela, ses collaborateurs composés d’animateurs culturels et de contractuels et lui n’ont pas tardé à poser des actes. Il nous dixit que « l’Etat du Sénégal envisage de créer une société d’exploitation du monument de la renaissance africaine (SEMRA) ». Elle va engager un « plan d’aménagement général qui a pour objectif d’implanter un hôtel trois étoiles, un restaurant gastronomique avec vue à la mer, une aire de jeu pour enfant mais aussi des boutiques et un mini laboratoire de films » entre autres projets pour satisfaire les visiteurs car « le monument est nu » a-t-il laissé entendre.
L’intérieur de la forteresse est aéré. Toutes les salles sont climatisées et ornées d’objets d’arts. Un parfum suave attire l’odorat. Un ascenseur est installé au niveau de chaque étage. Bien éclairé, il ne peut être manipulé que par un sapeur pompier en faction au service d’accueil. Sur cette question d’ailleurs, M. Fall se redresse,  les paupières relevées et les bras en mode va et vient pour en parler aisément. Il précise que « le rôle des gendarmes c’est de veiller à la sécurité des personnes et des installations. Tandis que les pompiers sont là pour veiller au secours et à l’encadrement des visites dans le monument ». Pour rappel, ce monument a été inauguré par l’ex président du Sénégal Maître Abdoulaye WADE en présence de 19 chefs d’Etats africains en prélude au cinquantenaire des indépendances le 03 Avril 2010.


INTERVIEW EXCLUSIVE



LEOPOLD NZALE ADJOINT DU CHEF DE SERVICE DE L’ANIMATION CULTURELLE ET SPORTIVE (SACS) DU CENTRE DES ŒUVRES UNIVERSITAIRES DE DAKAR (COUD) A L’UCAD.


« Awadi et Tiken Jah Facoly vont se produire au grand stade du campus d’ici au mois d’Avril ».

Léopold Nzalé agent du COUD en charge du sport amateur et de la culture annonce les projets du nouveau directeur Abdoulaye Diouf SARR pour l’épanouissement des étudiants de l’université Cheik Anta Diop.

Dites-nous en quelques lignes ce que c’est que le SACS ?
Le SACS c’est le service de l’animation culturelle et sportive. Il est une subdivision du COUD. C’est le service chargé de l’animation de toutes les activités culturelles et sportives. Sa mission c’est d’œuvrer pour l’épanouissement des étudiants et de leur offrir un cadre de distraction et de décompression. Le SACS est chargé de la reconnaissance de toutes les amicales et des associations d’étudiants. C’est nous qui les octroyons des récépissés et finançons leurs manifestations culturelles par voie de subventions.

Qu’est-ce vous êtes entrain de célébrer ce matin ?
Nous avons signé une convention de partenariat entre le COUD délégataire de pouvoirs au SACS et la fédération sénégalaise de tennis de table au campus social de l’UCAD. C’est un partenariat sur lequel les deux parties avaient travaillé depuis longtemps et qui a abouti ce matin dont nous sommes satisfaits. C’est une première au sein de l’université car ils n’y avaient pas un interlocuteur. C’est aussi une innovation du nouveau directeur du COUD Abdoulaye Diouf SARR.

Qu’est-ce qu’on peut retenir de cette cérémonie concrètement ?
Comme je vous ai dit c’est une première comme l’a souligné le président de la fédération de tennis de table. Il est convenu avec le directeur du COUD de former une équipe compétitive constituée d’étudiants pour participer au championnat. Mais aussi avec l’assistance des techniciens de la fédération former des arbitres. Abdoulaye Diouf  SARR estime qu’il ne s’agit pas seulement de signer un document mais nous devrions aller au-delà. Faire des choses concrètes c'est-à-dire que le tennis de table soit vulgarisé dans l’espace et que les étudiants s’intéressent à sa pratique. Tant et si bien qu’ils doivent être soutenus sur le plan des loisirs. Cela y va de leur épanouissement. En gros c’est ce qui a été le sens de cette cérémonie de signature de convention. A cela s’est ajouté une série de matchs de gala pour initier le public, organisés par les membres de la fédération sur l’esplanade du pavillon A.

Quelle est la place de la culture et du sport dans la mission du COUD ?
Vous savez moi j’ai fais plus de vingt ans à l’UCAD. J’ai été étudiant et puis agent du COUD. Mais s’il y a une chose que j’ai remarquée pendant ce quart de siècle c’est que tout à évoluer ici sauf le sport. Je veux dire en tant termes d’infrastructures. Aujourd’hui on se rend compte avec l’arrivée de ce nouveau directeur que tout a évolué. Les choses bougent dans le bon sens. Il fût des temps quand nous on est arrivé ici le service le plus important était le SACS. Les gens pouvaient décompresser avec des jeux d’esprits comme le scrabble et les jeux de dames à côté du sport de contact. Quand un étudiant est accablé par le pédagogique, il faut qu’il puisse se libérer. Malheureusement cela n’a plus fonctionné depuis une quinzaine d’années. C’est pourquoi les gens ont salué les initiatives de la nouvelle direction qui a commencé à redonner aux étudiants cette possibilité de détente. Et j’en veux pour preuve le campus Navétane que nous avons organisé l’année dernière. Les gens ont voulu tuer le projet dans l’œuf. Si l’on sait la caricature faite à l’université. Mais Abdoulaye Diouf SARR nous a dit de lui présenter un projet et nous nous sommes lancés. Finalement avec ses encouragements nous avons pu réussir. D’ailleurs même le président de l’ONCAV Amadou KANE nous a félicité quand il a fait le déplacement. Il s’est interrogé sur comment nous avons pu boucler le tournoi sans heurts. Maintenant sur le plan culturel, déjà on a fait des projections de films, chose qui revient. A voir la structure du terrain de basquet équipé d’une cabine et d’un pan de projection vous devez vous rendre compte que c’est une pratique qui était prise en compte dés le début. On a un programme annuel. Tous les Mercredis de chaque mois il est prévu une projection de films dans le campus. Chose inédite le COUD vient de signer une convention de partenariat également avec le centre culturel français. Nous allons y envoyer des agents de nos services pour faire des formations et un renforcement de capacités pour la réussite de notre mission culturelle. Donc dans deux semaines nous allons signer une nouvelle convention de partenariat avec la fédération sénégalaise de scrabble et s’en suivra la fédération sénégalaise de jeux de dames. Paradoxalement, le Sénégal qui est l’une des meilleurs nations de scrabbles au monde, qui bat même les russes sensés être des références, ne compte pas de joueurs issus de l’université. C’est grave pour un temple du savoir comme l’UCAD. Le sport et la culture contribuent à la stabilité de l’université. C’est pourquoi le directeur veut redonner au campus son lustre d’entant. Nous l’avons compris comme telle. Le plus important c’est que tout le monde puisse s’épanouir dans sa discipline préférée car il y des talents extraordinaires qui dorment ici. Vous avez certainement vu les projections des films réalisés par le ciné club de l’UCAD. Nous avons récemment acquis un écran géant pour permettre aux étudiants de suivre l’intégralité de la coupe d’Afrique des Nations. Voila la place du sport et de la culture dans notre institution. C’est une place très important.

Qu’est ce qui est entrepris par le COUD pour intéresser les étudiants à ces genres de programmes ?
Il est prévu une série de concerts dans les différents campus que nous gérons au Sénégal. Awadi et Tiken Jah Facoly vont se produire au grand stade du campus d’ici au mois d’Avril. Omar Péne suivra. Ce programme est annuel pour Dakar, chaque mois il est prévu un concert. Ces artistes ont une dimension internationale. Ils vont contribuer à la réussite de notre projet. Dans les universités régionales ces manifestations vont se faire par tranches. Il est prévu de telles choses à Bambey, Ziguinchor, Thiés. Nous pensons qu’à la fin les étudiants vont se sentir dedans. Ils vont s’approprier de nos activités au fur et à mesure. A l’esplanade des pavillons J et K sera construit une salle des jeux qui va accueillir plusieurs manifestations sportives et culturelles. C’est une salle polyvalente et le directeur SARR nous a octroyé le terrain.

Quelles sont les disciplines sportives et culturelles que vous gérez?
Le SACS en tant que tel ne gère que le sport amateur. Mais nous avons dans l’université toutes les disciplines d’élites recensées au Sénégal. A titre d’exemple nous avons le football, le basket, le hand ball, le volet ball, l’athlétisme, les arts martiaux et même la dance classique. Sur le plan culturel, il y a le théâtre mais aussi la musique. Nous avons déjà un programme de relance de ces deux genres. On a mis en place une troupe qui se produira en français à l’image des burkinabés et des ivoiriens dont les étudiants ont réussis. Avec le téléfilm classe A les ivoiriens font le buzz. Au début nous avions un orchestre qui a révélé Ndiaga Diop le fondateur de Be One Africa et qui a travaillé avec Bob Marley en Jamaïque. Nous allons rétablir tout cela.

Quelle est votre stratégie de communication vue la diversité des projets sportifs et culturels?
Tout d’abord, le SACS va bientôt organiser des journées portes ouvertes. C’est par cela qu’on va amorcer la communication. D’ici quelque temps, les gens seront ébahis. Le COUD va installer une radio et une télévision hertziennes. Ce qui nous retarde c’est seulement les histoires d’analogie et de numérique. Vous verrez aussi bientôt des panneaux numériques car les étudiants affichent partout. Cela détériore l’image du campus et de l’espace. Alors que nous dépensons des millions pour repeindre les murs et les espaces de détente. Cependant l’Etat doit nous accompagner et augmenter le budget du COUD en ce sens que l’effectif des étudiants accroît de manière exponentielle.  

lundi 18 février 2013

FESPACO




Le rendez-vous du film africain va s'ouvrir dans quelques jours à Ouagadougou au Burkina Faso. Dans cet article l'agence de presse sénégalaise revient sur l'histoire de ce grand évènement culturel au sud du Sahara.  

(APS): Le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), dont la 23ème édition s’ouvre samedi, est devenue, depuis sa création, en 1969 sous le nom de ‘’Semaine du cinéma africain’’, la plus grande manifestation consacrée aux cinémas d’Afrique et à leurs auteurs. En voici, à travers des symboles, des dates-clés et des noms l’ayant marqué.
-- 1969 : Du 1er au 15 février, se tient à Ouagadougou la première ‘’Semaine du cinéma africain’’ à l’initiative de cinéphiles. Il y avait sept pays représentés : cinq d’Afrique (Cameroun, Côte d’Ivoire, Haute-Volta –actuel Burkina Faso-, Niger, Sénégal) et deux d’Europe (France, Pays-Bas).

Quatorze films, dont neuf réalisés par des cinéastes du continent, y ont été présentés. Alimata Salembéré, une des fondatrices du festival et ancien ministre de la Culture, raconte, dans un cahier spécial d’Afrique Magazine (février 2009), qu’un de leurs plus grands soutiens était le président Aboubacar Lamizana. ‘’Après la projection d’un film sur des militaires, il nous a remis, via son aide de camp, 200.000 FCFA [2ème chef d'Etat de la Haute Volta, actuel Burkina] pour nous encourager, raconte-t-elle. Ce fut l’un de nos premiers financements’’.

-- 1972 : le festival est institutionnalisé en janvier. Un Secrétariat permanent (devenu Délégation générale en 1999) et un grand prix dénommé ‘’Etalon de Yennenga’’ sont créés. Le trophée qui récompense le meilleur long métrage de fiction présenté en compétition officielle, est matérialisé par une guerrière, lance à la main, juchée sur un cheval cabré.

Doté d’une enveloppe financière de 10 millions de francs CFA, le trophée tire son sens du mythe fondateur de l’empire des Mossis, ethnie majoritaire au Burkina Faso. Le premier cinéaste a l’avoir décroché est le Nigérien Oumarou Ganda (1935-1981), pour son film ‘’La Wazou polygame’’. Depuis sa mort, le Prix de la meilleure première œuvre porte son nom.

-- SANKARA : l’arrivée au pouvoir de Thomas Sankara, en août 1983, a marqué un tournant dans l’histoire du Fespaco, manifestation militante qui célébrait jusque là les origines, l’identité et les valeurs culturelles africaines. En 1985, il remet en personne le Grand prix au réalisateur algérien, Brahim Tsaki, auteur du film ‘’Histoire d’une rencontre’’.

Sankara fait construire des salles, part aux Etats-Unis, fait venir des réalisateurs africains-américains. Dans la foulée, il ouvre le Fespaco à la diaspora noire en créant le prix Paul Robeson (doté d’une enveloppe de deux millions de francs CFA), attribué pour la première fois en 1987, quelques mois avant son assassinat.

-- LAUREATS : de 1972, année de création d’une compétition au Fespaco, à 2011 (22ème édition), l’Etalon de Yennenga a été décerné à 19 réalisateurs de 13 nationalités. Le Malien Souleymane Cissé est le seul à l’avoir décroché deux fois : pour ‘’Baara’’ (1979) et ‘’Finyé’’ (1983).

Le Mali (1979, 1983 et 1995) et le Maroc (1973, 2001 et 2011) sont les deux pays à avoir remporté trois fois l’Etalon de Yennenga. Le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et la Mauritanie ont été couronnés deux fois, tandis que le Niger (premier pays primé, en 1972), le Cameroun, l’Algérie, le Ghana, la République démocratique du Congo, l’Afrique du Sud, le Nigeria et l’Ethiopie l’ont eu une fois.