jeudi 2 mai 2013

CAMPUS SOCIAL DE L'UCAD: QUAND LE LOGEMENT DEVIENT UN PRIVILÈGE


Les étudiants inscrits à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) rencontrent de nombreuses difficultés pour trouver un logement dans le campus social. Ceux qui y arrivent ne sont pas mieux lotis. 
Les revendications ne manquent pas de la part des locataires. Certains pavillons ressemblent à des camps de réfugies.  

Sur la véranda du couloir B du pavillon A, un groupe d’étudiants se détend. Les uns sont couchés sur des matelas et les autres assis sur une estrade. Ils discutent puis se marrent, par moment. Les lieux bouillonnent de monde à l’heure du déjeuner. Construit sur plusieurs mètres carrés, ce bâtiment a la plus grande capacité d’accueil du campus social de l’UCAD. Il abrite à lui seul plus de 400 chambres, réparties dans 26 couloirs. « Fox river » comme le surnomment ses occupants en référence à une célèbre prison d’une série américaine, regorge  plusieurs salles annexes dont deux restaurants, une salle cinéma, un dancing, plusieurs salles de sport, y compris le terrain de basket bal du Dakar université club (DUC). Au milieu de l’édifice se trouve un jardin qui a perdu son gazon et ses palmiers à peine, entretenus.
« Ou se trouve la chambre 364 ? Je suis perdue », demande une fille aux jeunes du couloir B. « Montes au second étage. Cherches le couloir R », lui rétorque l’un d’entre eux. Partout dans cette demeure c’est le même constat. Les allées sont squattées. Les gens s’agglutinent à tous les coins comme des sans abris.
Après le couché du soleil, les squatteurs sortent draps et moustiquaires. Ils installent leurs dortoirs avant d’aller dîner ou d’aller apprendre leurs cours. C’est primordial, au risque de perdre sa place. Cherif est étudiant au département de Portugais. Il vient de très loin et n’a pas de tuteurs à Dakar. Avec son teint clair à peine remarquable dans la pénombre, il parle de son calvaire. « Je suis en première année et je viens de Tamba. Je n’ai pas de chambre encore moins de parents à Dakar. Je suis obligé de m’adapter. C’est un ami qui me garde mes bagages dans sa chambre d’à côté et moi je passe la nuit ici tous les jours », confie-t-il la mine pitoyable. Selon lui il arrive qu’il ne trouve pas le sommeil parfois avec la promiscuité qui l’accable. « Ici, les conditions sont très pénibles. Les gens vous dérangent en plein sommeil. Quand il y concert derrière, il faut attendre deux heures ou trois heures du matin pour pouvoir dormir », se plaint-il.
Dans la chambre 232, au premier étage, Arfang prépare du thé. Peinte en bleu-blanc, deux lits sur le côté droit, un pupitre à l’entrée, un placard en béton et un lavabo avec un miroir sur la gauche, et une fenêtre en grilles, c’est le décor qu’offre la piaule. Elle est très animée. Un petit baffle distille de la musique. Selon l’ami d’Arfang, Ndiouga, il vient passer son temps libre chez son compagnon après ses cours. « Dans ma chambre, il est impossible de se reposer. Mon voisin l’a transformée en marché avec ses activités d’impression et de gravure », s’offusque-t-il avec véhémence. Il estime d’ailleurs que s’il savait que ça serait ainsi toute l’année, il n’aurait jamais partagée sa chambre avec un « campus businessman ». A quelques mètres se trouvent les toilettes. Quelques individus attendent leurs tours. « Pour faire ses besoins, on fait la queue. Les gens vivent difficilement dans ce campus », s’indigne un jeune homme en mal de patience.
Au pavillon Q, généralement réservé aux filles, règne un semblant de calme. C’est moins animé que dans les artères du pavillon A. Ici c’est la densité qui fait raller les résidents. Dans la chambre 8 au rez-de-chaussée, elles sont 12 dans la même pièce. Assise sur une chaise en boit, des tresses sur la tête,  Ramatoulaye raconte son aventure. Elle est étudiante en Licence en droit. « C’est ma troisième année ici. Mais les conditions sont extraordinaires. Entre filles on rencontre d’énormes difficultés de cohabitation. On a des cas de vols dans nos chambres. L’eau potable manque parfois et cela est inadmissible pour une fille de rester sans la liquide précieuse », fait-elle remarquer. Pour sa voisine le problème majeur des filles reste l’acquisition d’une place. Elle explique que si une étudiante n’a pas la chance de codifier alors elle est exposée à toute sorte de proposition indécente. « Les gens vous courtises avant de vous loger. Le campus ressemble à un jungle car les gens sont capables de tout pour loger ou pour céder un logement », s’est-elle désolée. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire