vendredi 26 avril 2013

SECONDE EDITION DU SALON DE L'ETUDIANT: La rupture en marche



Au campus social de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, les relations entre les étudiants et les services administratifs s’améliorent. Les réalisations ainsi que les chantiers de la nouvelle équipe du centre des œuvres universitaires de Dakar (COUD) sont certainement passés par là. 
Sur l’allée Balla Gaye, des tentes blanches installées accueillent des étudiants en quête d’information. Par petits groupes ils occupent les lieux et échangent avec des agents d’écoles supérieures de formation et d’entreprises. «  Nous sommes ici pour lancer les filières de notre école qui est une nouvelle université installée à Dakar », dit Waly Ndiaye avec rhétorique, représentant de l’université internationale des diasporas africaines (UNIDAF) , en direction de Fatima étudiante en deuxième année en Anglais. On se croirait dans une foire.
A côté du stand de Waly, de belles demoiselles sourient et attirent l’attention du public. Ce sont « les sentinelles du campus ». Elles servent du café aux uns et aux autres. Elles sont toutes vêtues de tuniques à l’effigie de « Nescafé », l’un des partenaires du COUD dans l’organisation de cette seconde édition du salon de l’étudiant. Le campus social vibre au rythme de cet événement. A quelques mètres, s’impose un abri plus géant au milieu d’un jardin sous un baobab. Il est aménagé entre le cyber campus sinkou, le pavillon A et la direction du COUD. Les lieux ont fait peau neuve avec un gazon bien taillé et des coquillages éparpillés à même le sol.
Assise sur une chaise dorée, Madame Ndeye Awa Ba Ndiaye donne des orientations et des informations complémentaires aux membres du staff de l’organisation. Elle est chef de la cellule de communication du COUD. De teint noir, elle est vêtue d’un costume assorti d’une jupe taille basse. « Tout d’abord nous avons tenu à organiser ce salon pour intéresser les étudiants à ce qui se fait au campus. Ensuite, ce cadre les permettra d’entrer en contact avec le monde extérieur c'est-à-dire les écoles privées et nos partenaires pour savoir ce qui se fait ailleurs dans le contexte de crise universitaire que nous vivons » justifie-t-elle. Madame Ndiaye pense que ce sont les étudiants qui sont les bénéficiaires des innovations de la nouvelle direction dirigée par Abdoulaye Diouf Sarr. C’est ainsi qu’elle énumère les avantages que le salon a pu donner aux étudiants. « La première édition nous avait permis de signer des partenariats qui ont aboutis à la rénovation de la charte graphique de notre institution. Il y a eu aussi l’acquisition d’un site en ligne pour rester en contact permanent avec les bénéficiaires des œuvres sociales ». Elle estime d’ailleurs que les demandes de partenariat viennent de partout. « Ce matin nous avons signé une convention avec l’agence de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) pour alimenter tout le campus de réseau wifi. Elle concerne également l’équipement de tous nos services d’ordinateurs performants afin de travailler plus efficacement » se réjouit-elle.
Les représentants des étudiants se sont approprié ce salon. Ils disent être en phase avec la politique du COUD, tendant à les impliquer dans la bonne marche du service. Ainsi Mamadou Lamine Seydi étudiant en Master au département d’Histoire, avec sa taille de girafe et son corps frêle habillé d’un costume, « huilé » noir à l’image de son teint, se dit heureux de savoir que bientôt  certains de ses camarades seront recrutés comme agents du centre des œuvres de Dakar. Il fait observer toute fois que certains parmi les étudiants ne savent pas qu’après la Licence ils doivent aller chercher du travail à cause du fonctionnement du système LMD. Selon l’ancien président de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines (FLSH), cela le directeur Abdoulaye Diouf Sarr et son équipe l’ont bien compris. A cet effet, « ils ont initié le Job Etudiant qui permettra d’en embaucher certains diplômés sans emplois », informe-t-il. Pour la présidente des « sentinelles du campus », Marième Déme, une perruque de blonde sur la tête et un rouge à lèvres en évidence, c’est une occasion pour elles de venir participer aux activités du salon afin de rencontrer les jeunes étudiantes. Pour elle, ça va les permettre de « sensibiliser tout ce beau monde sur les méfaits de la violence à l’université ». Car selon elle, son association travaille à pacifier leur espace d’étude et de vie, indispensable à la réussite.
Venus vendre l’image de son école, retranché derrière un pupitre en plastique, la mine sérieuse, Monsieur Thiam tante de séduire ses visiteurs. Il vente les mérites de l’école des techniques internationales du commerce, de la communication et des affaires (ETICA). « Notre école est une filiale d’une université française », exulte-t-il, en distribuant des brochures des formations disponibles dans son établissement. Ansoumana Abdoul Kader embauche la même trompette  Pour sa part il représente NIIT centre de Dakar, une école de technologie. Il se félicite de la forte affluence des étudiants et de l’intérêt que son école a suscité auprès de ces derniers. « Aujourd’hui il y a eu plus de contacts que lors du premier salon. C’était super intéressant et on a pu véhiculer notre message pour encourager les jeunes à intégrer les métiers de la technologie qui sont très demandés dans les entreprises », a-t-il conclu. 

vendredi 12 avril 2013

PORTE DU TROISIEME MILLENAIRE: Un patrimoine en péril


Comme une citadelle, une porte s’ouvre au monde à partir de Dakar. Elle symbolise la fenêtre de l’Afrique sur le 21e  siècle. Cependant, les changements climatiques altèrent son environnement.


Mardi, en fin de matinée, sur la corniche ouest de Dakar, un lieu très animé attire l’attention du visiteur. Un monde grouille à la porte du  millénaire. Riverains et visiteurs, par petits groupes, discutent cordialement.
Une bâtisse est aménagée au bord de la mer. Elle est l’une des attractions. Elle fait face à la cité police. C’est un monument de 16, 50 m, et couvre une superficie de 15 000 m². A sa devanture, des palmiers bordent le trottoir du bitume de l’avenue Marther Luter King.
Assi à même le carrelage sur des marches, un groupe de photographes discute avec des clients venus récupérer leurs « portraits ». Devant eux, deux vases ressemblant à de grosses canaries, embellissent le décor. Issa Ndiaye, la quarantaine dépassée, un appareil numérique en main, interpelle les passants : « Voulez-vous prendre une photo de souvenir ? », demande-t-il en souriant. Il est de teint noir et a une barbe très dense. Il est vêtu d’un jacket en cuir ; certainement pour se protéger du froid qui sévit sur le site. Soudainement, un son retentit : « Alahou akbar, Alahou akbar » ! C’est l’appel du muezzin à la mosquée Seydou Nourou Tall. A côté du groupe des photographes, deux jeunes s’affairent autour d’un fourneau. L’un d’entre eux, est un vendeur de café Touba. Il tend à l’autre une tasse. « C’est très chaud. Fais refroidir un peu », dit le client, après avoir pris une gorgée.
Dans ce secteur, on constate la superposition de trois portes. Elles symbolisent les trois millénaires : « l’acquisition des connaissances, l'évolution de la pensée et de la culture et l’ère de la communication ». La seconde supporte une femme surnommée « yaye boy (maman chérie en wolof) qui tient une flûte. Un instrument de musique qui suggère le rassemblement et l’union », renseigne un document du ministère de la culture. Un jet d’eau sec sert de piédestal au monument. Il est surmonté d’un mini pont qui le traverse en largeur ; en direction de l’océan.
Derrière la structure, certains  visiteurs se retranchent sous les sapins qui l’entourent. Raul Armando Diatta, taille moyenne, teint métissé, accompagné de sa femme, préfère venir sur les lieux après le boulot pour se détendre. Commerçant à la médina, il estime que cet endroit est un symbole. « On prend une photo qu’on pourra montrer à nos enfants en guise de souvenir ». En tant qu’amoureux du site, il se désole de la dégradation des installations. Il s’est dit préoccupé du « mauvais entretien de ce bijoux ». M. Raul, la mine triste, fait remarquer l’avancée de la mer. Il se tourne vers sa compagne qui, pour confirmer la thèse de son époux, hausse la tête. Selon lui, beaucoup de gens n’y prêtent pas attention, alors que si l’on n’y prend pas garde, « la mer va atteindre le monument ».
Dix mètres plus bas sur la plage, les traces de l’érosion sont bien visibles. Le sapement grignote déjà la falaise. Un corridor de grosses pierres, des diorites, servent de digue de protection au littoral. Les vagues font un bruit assourdissant qui témoigne de leur force. En plus de ce dispositif, une dalle en béton est construite en appoint.
Omar Wade, en sueur, le souffle entamé, s’étire. Il fait des va et vient sur un sable fin mouillé par l’eau. Une odeur de poisson et de sel encense l’atmosphère. Avec sa grande taille, il aborde la question de l’érosion marine avec amertume. Car, à l’en croire, depuis son plus jeune âge, il fréquente ce secteur. Pour lui, « cette plage faisait environ 800m à 1km de long et 30 à 50m de large. Aujourd’hui vous constatez avec moi qu’il n’y a même pas 600m de long. La largeur ne dépasse plus 10m. La plage a vraiment reculé. Malheureusement, nous sommes impuissants face à tout cela. Sous peu de temps, nous n’aurons plus où faire du sport. Notre quartier (Reubeus) n’a aucun espace disponible pour ça ».
A quelques encablures, le vieux Mansour Dia, assis sur un banc public, égraine son chapelet. En caftan rouge bordeaux, ses cheveux blancs et ses rides, attestent son âge avancé. Il fait face aux îles de la Madeleine. Calme, le regard fondu dans les ondulations de la houle au large, il aborde le phénomène de détérioration de la côte avec chagrin. Il confie que la corniche a beaucoup changé. En 1962, dit-il, « l’école des beaux arts se trouvait vers là-bas », tout en indexant un point dans l’océan. « L’Etat et la municipalité doivent prendre ce problème au sérieux, car c’est un danger réel pour les populations », conseille-t-il.